Depuis mars 2020, la « Prédiction 8 » de la célèbre vidéo de 2017 — supprimée de leur site depuis (mais aisée à trouver sur internet) — du Forum Économique Mondial (le WEF) décrivant notre vie future, 8 Predictions for the World in 2030: « You will own nothing and you will be happy » a pris tout son sens. Elle affirme en effet que :
Les valeurs occidentales auront été mises à l’épreuve jusqu’à leurs plus extrêmes limites [will have been tested to the breaking point].
La liberté de chacun, l’État de droit et les structures démocratiques sont dans le collimateur des élites. Il leur est indispensable de renforcer les outils étatiques coercitifs qui encadrent les populations.
En effet, les nouveaux marchés que tentent de développer les policymakers des géants des technologies de l’information impliquent l’acceptation d’une surveillance totale de masse et une perte d’autonomie décisionnelle de chacun. Pour cela, il va falloir mettre en place des appareils de type législatifs, exécutifs, judiciaires et policiers qui font abstraction des droits individuels humains comme de l’État de droit tel qu’il est conçu en Occident depuis le Moyen Âge. Or ce tournant autoritaire ne correspond pas à une demande réelle de la population, mais plutôt à des décennies d’investissement technologique jusqu’alors presque dépourvus de fruits. En somme, la gouvernance économique globale doit s’assurer que ses partenaires publics sont dotés des moyens permettant que les peuples consentent au développement de ces marchés, au besoin à l’aide de la force.
Car même avec le déploiement d’un storytelling ad hoc et d’incitations comportementales conséquentes, l’art de l’ingénierie sociale a ses limites. On aura beau répéter à la plèbe que tout cela est pour son bien et celui de la planète, que « nous sommes tous dans le même bateau », que tout cela est même en fait pour le bien supérieur de la communauté et que la plèbe ne doit donc pas verser dans l’égoïsme, ou encore que désormais les devoirs « passent avant les droits » —, la spoliation de ses droits fondamentaux risque d’être problématique aux yeux de ladite plèbe. Le citoyen des États-Unis, par exemple, demeure assez attaché à ses « droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur ».
À cet égard, il faut reconnaître aux prédictions de quelques-uns des policymakers de la gouvernance une forme de franchise, laquelle sans doute est affichée en partie pour donner l’impression que ces transformations sont inéluctables : une forme de predictive programming visant à conditionner les masses à bientôt acquiescer passivement aux nouvelles règles sociales. Ou du moins à obtenir une certaine résignation. Ces décideurs s’attendent à ce qu'il faille forcer les populations à accepter les changements sociaux, économiques et technologiques qu’eux, l’élite globale, estiment nécessaires, tout comme au début du XIXe siècle la 1ère Révolution Industrielle britannique avait entrepris de chasser de leurs exploitations un grand nombre de libres agriculteurs et éleveurs pour les contraindre à travailler dans les mines et les nouvelles usines.
Pour espérer quelque chose d’analogue, la gouvernance ne peut faire autrement pour l’instant que de s’appuyer de la même manière sur la force publique, tout comme les barons de l’industrie naissante, selon le paradigme établi en 1944 par Karl Polaniyi dans sa Grande transformation. Encore une fois, nombre de plébéiens sont plus que réticents de perdre leur autonomie, leurs biens propres et leur vie privée pour que chaque aspect de leur vie soit micromanagé par des algorithmes au plus grand bénéfice des groupes privés transnationaux.
L’imagination au pouvoir
De fait, les documents prospectifs les plus audacieux issus du WEF — et qu’il met si obligeamment à notre disposition — vont jusqu’à laisser entendre qu’au terme de l’évolution technologique dont nous sommes témoins aujourd’hui la vie humaine telle que nous la connaissions est destinée à disparaître. Grâce à l’informatique et aux possibilités de surveillance et de contrôle qu'elle autorise, la métamorphose de la société humaine dont rêvent les technocrates est encore beaucoup plus radicale que tout ce que les anciens romanciers dystopiques avaient entrevu. Le WEF se fait même l’avocat d’implanter des puces sous-cutanées de traçages humains, en particulier chez les enfants (Augmented tech can change the way we live, but only with the right support and vision)[i].
S’il faut en croire The Fourth Industrial Revolution de Klaus Schwab, la biotechnologie et l’informatique finiront même par estomper la frontière entre le vivant et la machine, et par conséquent parviendront à « redéfinir ce qu’être un humain signifie ». C’est bien sous ce nom de 4e Révolution Industrielle, ou sous celui de 4IR ou encore d’Industry 4.0, que son Forum Économique Mondial s’est donné pour tâche de vendre la mutation économique et technologique forcée de notre société qu’il médite. De même, le Great Reset, cette «Grande Réinitialisation» que doit permettre l’événement mythique fondateur du CoViD, et que Klaus Schwab et le Roi Charles appellent de leurs vœux, est d’ailleurs le point de départ de l’édification de ce nouvel ordre numérique et biotechnologique. C’est aussi ce dont les leaders politiques comme Joe Biden, Jessica Ardern ou Justin Trudeau font la réclame avec le slogan « Build back better » : « Reconstruire en mieux », bien entendu dans le sillage de la crise du CoViD. Et ce qu’il s’agit de bâtir, on l’aura compris, c’est le monde d’Industry 4.0.
Une longue tradition technocratique germanique
Toutefois, contrairement à ce qu’il prétend, Herr Prefossor Doktor Schwab n’est pas l’inventeur du concept de IVe Révolution Industrielle, il n’en est que le communicant en chef. Il prêche celle-ci depuis le Sommet de Davos de 2016 (Mastering the 4th Industrial Revolution), et ce, à grand renfort de prédictions sur les nanotechnologies, les biotechnologies, l’IA ou l’interfaces cerveau-machine — mais aussi d’appels à plus d’égalité, d’écoresponsabilité, de diversité et d’inclusivité. En réalité, le concept n’est pas né dans la datcha genevoise du bon Dr Schwab. Il est cependant quand même apparu en Allemagne, pays porteur d’une longue tradition technocratique, parfois très imaginative, née sous le Second Reich dans le bassin de la Ruhr. Le terme — allemand donc — d’Industrie 4.0 a été d’abord soumis au public lors de la Foire de Hanovre de 2011 par Henning Kagermann (ancien CEO de SAP et président de l’Acatech, l’Académie des sciences et de l’ingénierie), Wolf-Dieter Lukas (physicien et politicien) et Wolfgang Wahlster (professeur d’informatique spécialiste de l’IA).
Sous l’impulsion de Kagermann et Siegfried Dais (CEO de Robert Bosch GmbH), il en est sorti un groupe de travail, puis une véritable plateforme placée sous la houlette du BMWi (ministère fédérale de l’économie, des affaires et de l’énergie) et du BMBF (celui de l’éducation et de la recherche), ayant pour mission de faire avancer Industrie 4.0 tant sur les plan politique, culturel, qu’économique. C’est donc le gouvernement Merkel lui-même qui va assumer les ambitions technocratiques de ce groupe de réflexion, privé à l’origine.
« Je n’ai plus de vie privée… »
Le WEF, quant à lui, s’est donc seulement chargé de faire le public relation de cette grande transformation économico-sociale et technocratique. À cet égard, il reste discret, dans les vidéos documentaires qu’il diffuse sur le sujet, à propos du sort de la liberté et l’autonomie humaines. Cependant, la député écologiste danoise Ida Auken contributrice du WEF, dans un article programmatique dystopique d’une prodigieuse candeur, Welcome to 2030. I Own Nothing, I have No Privacy and Life Has Never Been Better[ii] — dont est tirée la célèbre vidéo du WEF citée plus haut —, évoque tant la fin de la propriété privée que celle de la vie privée : « je n’ai plus de vie privée et la vie n’a jamais été aussi heureuse ». Ladite vidéo du WEF (8 Predictions for the World in 20230) fait basculer le texte dont il s’inspire à la seconde personne du plurielle et non à la première du singulier. Mais la fin de la vie privée n’est plus mentionnée. Cette question est cependant évoquée par le Dr Schwab en personne :
Les inquiétudes des citoyens concernant la vie privée, ainsi que le fait d’établir des responsabilités dans une affaire ou dans des structures légales, nécessiteront que leur façon de penser soit réajustée (The Fourth Industrial Revolution, 2016).
D'ailleurs, déclarait-il, le 10 janvier 2016 sur RTS (dans l’émission Pardonnez-moi) :
Si l’on n’a rien à cacher, il ne faut pas avoir peur. On doit accepter une transparence — je dirais même une transparence totale. Tout va être transparent. Il faut s’habituer, il faut se comporter ainsi.
C’est sur des aspects informatiques plus chatoyants que la propagande du WEF insiste dans ses vidéos promotionnelles sur la 5G[iii] et sur la IVe Révolution Industrielle[iv]. Il s’agit de mettre en avant auprès du public une image glamour de l’internet of things (IoT) et de l’internet of bodies (IoB) qui réguleront les smart cities de demain : les objets et les corps connectés. Les spectateurs doivent se sentir pris dans un film d’anticipation. Du reste, plusieurs séquences de ces vidéos tiennent bel et bien de la science-fiction, comme l’impression en 3D d’un steak fabriqué à partir de culture cellulaire (8 Predictions for the World in 2030).
Le libre-arbitre c’est terminé
Le philosophe officiel du WEF, Yuval Noah Harari, fait entendre le même son de cloche. L’auteur chéri d’Obama, Gates et Zuckerberg s’est fait le prophète de l’avènement prochain de l’humain «augmenté» appelé à devenir de la sorte un «dieu» (Homo Deus. A Brief History of Tomorrow, 2015). Il leur proclame sa foi que l’humanité va être bientôt divisée en deux espèces biologiquement différentes et subordonnées l’une à l’autre : au sommet se tiendra justement «l’élite» des «nouveaux dieux» qui « possèderont le data » et qui pourront être «augmentés» grâce aux biotechnologies. Et de prédire lors d’une conférence donnée devant le prestigieux auditoire du Sommet de Davos de 2018 intitulée Will the Future Be Human? :
Le data pourrait permettre aux élites humaines de faire quelque chose d’encore plus radical que bâtir simplement des dictatures numériques. En hackant des organismes, les élites pourraient obtenir le pouvoir de mener un reengineering de l’avenir de la vie elle-même.
Deux ans plus tard, toujours au Sommet de Davos 2020, il rappelle qu’aucun gouvernement n’a pu y parvenir dans le passé :
… parce que personne ne comprenait assez la biologie, ni n’avait assez de puissance informatique et de data pour hacker des millions de personnes. Ni la Gestapo ni le KGB ne le pouvaient, mais bientôt au moins certaines corporations et certains gouvernements pourront hacker systématiquement l’ensemble des humains (How to Survive the 21st Century).
Arrivé à ce point, il feint de s’en inquiéter puisque, selon lui, le data processing des futurs régimes autoritaires centralisés sera bien plus efficace que celui des démocraties, tandis que se développeront de redoutables technologies de surveillance afin de contrôler tous nos mouvements et pensées. Mais comme on peut le voir dans cette interview réalisée dans le cadre de l’Université Hébraïque de Jérusalem[v], cela ne lui pose en réalité aucun problème. Tel est simplement notre destin : dans un monde où les élites détiendront «suffisamment de data et de puissance informatique» pour que celles-ci parviennent à «mieux comprendre [les autres humains] qu’ils ne se comprennent eux-mêmes», leurs maîtres seront capables «de les manipuler à des degrés autrefois impossibles». On ne sera donc pas surpris si :
… dans une telle situation, le vieux système démocratique arrête de fonctionner. Il nous faut donc réinventer la démocratie pour cette nouvelle ère dans laquelle les humains sont désormais des animaux que l’on peut hacker. […] Toutes ces idées que les humains ont une âme ou un esprit et un libre-arbitre, et que personne ne sait ce qui se passe à l’intérieur de moi, et que donc tout ce que je choisis, que ce soit pendant des élections ou au supermarché, c’est mon libre-arbitre, tout ça s’est terminé.
Et les losers ?
Enfin, dans l’hypothèse du succès des projets de ses amis, Klaus Schwab, tout comme Harari, fait mine de s’inquiéter du clivage que va faire naitre le monde entièrement numérisé dont il se veut l’apôtre :
Nous sommes au seuil d’un changement systémique radical qui va requérir des êtres humains de s’adapter continuellement. En conséquence, nous pourrions être témoins d’un accroissement de la polarisation de par le monde, laquelle s’inscrira entre ceux qui embrassent le changement et ceux qui y résistent.
Et de prophétiser : « Cela fera surgir une inégalité qui ira au-delà des inégalités sociales ». Le grand prêtre de Davos adopte enfin un ton apocalyptique :
Cette inégalité ontologique séparera ceux qui s’adaptent de ceux qui résistent — les winners matériels et les losers matériels dans tous les sens que ces termes peuvent avoir […]. Ce qui pourraient créer des conflits et des affrontements de classes d’une intensité encore jamais vue (The Fourth Industrial Revolution, 2016).
La député écologiste danoise Ida Auken du WEF, toujours dans son article Welcome to 2030, décrit le sort de ces futurs losers et fait de même mine de s’en inquiéter :
Ma plus grande préoccupation, c’est tous ces gens qui ne vivent pas dans notre cité. Ceux que nous avons perdu en chemin. Ceux qui ont décidé que c’était devenu excessif, toute cette technologie. Ceux qui se sont sentis obsolètes et inutiles lorsque les robots et l’IA se sont emparés de la majorité de nos jobs. Ceux qui en ont eu assez du système politique et se sont retournés contre lui. Ils vivent en dehors de la cité en suivant différents modes de vies. Certains ont constitué de petites communautés auto-suffisantes. D’autres sont simplement resté dans des maisons vides et abandonnées dans de petits villages du XIXe siècle.
Toutefois, dans la vidéo de propagande du WEF parallèle, 8 Predictions for the World in 2030, la destinée de ceux qui ne trouveront pas leur place dans cette citée du futur n’est pas évoquée.
Un monde entièrement connecté
Pour justifier un tel grand reengineering social, l’argument que brandit toujours le WEF, à un moment ou à un autre, est que la numérisation universelle et la mise en place des technologies invasives allant de pair vont sauver la planète, et en particulier la sauver du réchauffement climatique. Les metteurs en scène du show de Davos aiment à s’afficher avec Greta Thunberg, le Prince Charles (Roi désormais) ou la directrice de Greenpeace Jennifer Morgan — qui est elle-même Agenda Contributor du WEF. En effet, la IVe Révolution Industrielle sera « verte », neutre en carbone et écoresponsable (mais aussi inclusive, résiliente, éthique et équitable), même s’il faut saturer l’environnement d’ondes électromagnétiques, d’objets connectés faits de métaux rares, d’ordinateurs quantiques cryogénisés et de colossaux serveurs réfrigérés on ne peut plus énergivores. D’ailleurs, Jennifer Morgan nous rassure, elle est elle-même partisane de la IVe Révolution Industrielle si cette dernière est écoresponsable :
La IVe Révolution Industrielle pourrait totalement réimaginer la manière dont nous abordons les solutions à la crise climatique. Mais seulement si cette révolution est au service de la résolution du changement climatique[vi].
La numérisation intégrale de la société, la multiplication des data centers géants, la surveillance totale de la vie de chacun, la généralisation de l’ingénierie génique et une vie individuelle micromanagée par les algorithmes de l’IA seraient le prix à payer par l’humanité pour échapper au désastre écologique que lui programmerait le CO2 recraché par l’ancien monde industriel. Par quel miracle une telle orgie technologique serait une réponse viable — et même la seule — aux enjeux écologiques de même que l’unique chemin du vrai bonheur humain, nous ne le saurons pas.
En route pour le Meilleur des mondes
De toute façon, selon Klaus Schwab, c’est humain lui-même qui est destiné à être transformé, pas seulement son habitat :
… la IVe Révolution Industrielle nous conduira vers une fusion de nos identités physiques, numériques et biologiques (Council on Global Affairs, le 13 mai 2019)[vii].
En effet, l’horizon que nous propose cette révolution n’est rien de moins que celui d’une « convergence bionumérique ». McKinsey par exemple, dans un document de mai 2020, fait la promotion sans vergogne de ce qu’il désigne comme la Bio Revolution dont le CoViD aura été un tournant décisif, c’est-à-dire :
Une confluence des avancées en science biologique et du développement qui s’accélère en informatique, en automation et intelligence artificielle, laquelle confluence nourrit une nouvelle vague d’innovations. […] de nouvelles applications biologiques sont déjà en train d’améliorer nos réponses aux défis globaux lesquels incluent le changement climatique et les pandémies. Les réponses globales au nouveau coronavirus — SARS-CoV-2 — illustrent des avancées substantielles dans les sciences biologiques survenues juste ces dernières années (McKinsey Global Institute)[viii].
Le gouvernement canadien pilote même de manière très officielle un projet baptisé Convergence Bionumérique. Il s’est chargé d’en faire la réclame dans une vidéo[ix] et dans un texte Exploring Biodigital Convergence (2020)[x] tous deux très ingénus. Mais aussi très audacieux puisque le second n’hésite pas à prédire :
Tandis que nous continuons de mieux comprendre et contrôler les mécanismes qui soutiennent la biologie, nous pourrions nous voir tourner le dos au vitalisme — l’idée que les organismes vivants et non-vivants sont fondamentalement différent car on s’imagine qu’ils seraient déterminés par des principes différents.
Posthumain
Au final, sous l’égide du Big Data, la « machine » numérique et biologique doivent fusionner avec l’aide de l’édition génomique et des nanotechnologies pour engendrer l’humain « augmenté », et soumettre définitivement à la technologie toute la matière organique. Le terme n’est jamais prononcé, bien entendu, mais nous sommes ici de plein pied dans le transhumanisme, voire dans le posthumanisme. Du reste, toujours dans sa perspective d’une humanité biologiquement coupée en deux, Klaus Schwab imagine sans hésiter la possibilité que les « winners » de demain :
… bénéficient d’une forme d’amélioration radicale de l’humain générée grâce à certains éléments de la IVe Révolution Industrielle (tels que l’ingénierie génomique) dont les losers seront privés (The Fourth Industrial Revolution).
C’est l’étape ultime du mythe faustien à l’œuvre depuis le XIXe siècle qui anime la foi technocratique dans la toute-puissance de la technoscience. Et sans surprise, le transhumanisme est devenu la religion à la mode de la Silicon Valley et de ses satellites. La liste de ses croyants coïncide avec celle des plus grandes fortunes d’aujourd’hui. Difficile d’évaluer la part de mise en scène que certains ont peut-être adopté. Quoi qu’il en soit, cette liste s’étend d’Elon Musk et Peter Thiel jusqu’au jeune Vitalik Buterin (Ethereum), en passant par Sergey Brin (Google), Jeff Bezos, Larry Page (Google), Mark Zuckerberg, Larry Ellison (Oracle) ou Richard Branson. On n’oubliera pas non plus feu Jeffrey Epstein qui travaillait sur des projets eugénistes délirants avec Bill Gates.
La force du courant transhumaniste au sein de l’élite managériale et de la gouvernance économique globale n’est ni à surestimer ni à négliger. Le gouvernement Biden n’a-t-il pas édicté en septembre 2022 l’Executive Order 14081. Advancing Biotechnology and Biomanufacturing Innovation for a Sustainable, Safe, and Secure American Bioeconomy ? À l’en croire, l’on pourrait dès maintenant :
… programmer la biologie de manière prédictive de la même manière que nous écrivons les softwares et les programmes d’ordinateur.
Le discours transhumaniste de la 4e Révolution Industrielle est là pour lui conférer une assise de type philosophique que vient bénir l’autorité d’universitaires comme Yuval Hoah Harari, Nick Bostrom ou William Bainbridge, voire de type quasi-religieuse, notamment avec la secte Terasem du milliardaire transgenre et transhumaniste Martin/Martine Rothblatt. Mais à la manière du département « R&D » d’une multinationale, c’est aussi une forme de laboratoire dont on espère que quelques prototypes parmi ceux essayés vont finir par devenir bankable. Enfin, ces idéologies vendent du rêve à ceux qui sont sensibles à cette fantasmagorie : vivre plus longtemps voire éternellement, devenir des surhommes physiquement et intellectuellement, s’affranchir des conditionnements biologiques sexuels, ne plus souffrir grâce à des algorithmes tout-puissants et bienveillants… Sur les franges du narratif officiel germe une nouvelle mythologie nourrie des désirs des puissants du jour comme de l’imaginaire hollywoodien.
[i] https://www.weforum.org/agenda/2022/08/ethics-not-technological-limits-will-be-the-guiding-factor-for-an-augmented-age/ [ii] https://medium.com/world-economic-forum/welcome-to-2030-i-own-nothing-have-no-privacy-and-life-has-never-been-better-ee2eed62f710 [iii] https://www.weforum.org/videos/5g-the-potential-to-transform-95ab5a4050 [iv] https://www.weforum.org/videos/documentary-the-fourth-industrial-revolution [v] https://www.youtube.com/watch?v=ltJTRnNLYqY&t=1s [vi] https://www.greenpeace.org/international/press-release/20295/global-risks-report-climate-emergency-world-economic-forum-davos/ [vii] https://globalaffairs.org/events/world-economic-forum-founder-klaus-schwab-fourth-industrial-revolution? [viii] https://www.mckinsey.com/industries/life-sciences/our-insights/the-bio-revolution-innovations-transforming-economies-societies-and-our-lives [ix] https://www.youtube.com/watch?v=YDuv63Qa8DE [x] https://horizons.gc.ca/en/2020/02/11/exploring-biodigital-convergence/
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