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FRANÇOIS, PAPE DU TRANSHUMANISME Pape des pauvres et de l'écologie? ou pape de l'élite globale? (II)

Matt Smyth


Le pape du Great Reset

En plus d’être une caution morale pour l'élite globaliste, François — mais avec plus de discrétion — joue un rôle comparable à celui de la malheureuse Greta Thunberg avec laquelle le Forum de Davos s’exhibe si volontiers. Tout comme elle, le pape critique le système économique actuel et appel de ses vœux un monde plus écologique. Ce sont justement les éléments principaux du narratif dont les décideurs planétaires, comme le CEO de BlackRock Larry Fink, ont choisi de s’emparer pour vendre la grande transformation qu’ils souhaitent mettre en œuvre.


À cet égard, le Vatican entretient d’étroites relations avec la finance internationale : l’APSA (Amministrazione del Patrimonio della Sede Apostolica, autrement dit la gestion du colossal portefeuille boursier et foncier du Vatican) n’avait-il pas depuis 2006 comme conseiller spécial Peter Sutherland ? Ardent partisan de « l’open border », il présidera aussi la Commission Internationale Catholique pour les Migrations depuis 2015 jusqu’à sa mort en 2018. Par ailleurs, ce « père de la globalisation » est l’ancien président du GATT, co-fondateur de l’OMC, chairman de BP et de Goldman-Sachs, et bien entendu membre du Foundation Board du WEF, entre autres choses… De même, en 2021, le pape François a nommé l'économiste très malthusien Jeffrey Sachs, Agenda Contributor du WEF, à l'Académie Pontificale des Sciences Sociales.


De même, en 2021, le pape François a nommé un Agenda Contributor du WEF, le très malthusien économiste Jeffrey Sachs, à la même Académie Pontificale des Sciences Sociales (il est par ailleurs un ami de Peter Daszak président d’Ecohealth-Alliance, l’institut qui finançait la recherche sur les « gains de fonction » chez les coronavirus, et avec lequel Daszak il dirige le comité du Lancet sur les origines de la pandémie, car, oui, c’est vraiment un petit monde).


Sans surprise, François s’implique personnellement avec le WEF : à quatre reprises, François a adressé un message à son sommet annuel ; parallèlement une table ronde présidée par le Vatican se tient chaque annéeau même sommet de Davos.


Surtout, répétons-le, il apparaît comme le fidèle porte-parole des thématiques promues par le WEF. Le pape s’est chargé de devenir un des communicants du « PR » de la grande transition économico-politique que Klaus Schwab a packagé sous l’appellation de « Great Reset ». L’encyclique Fratelli tutti d’octobre 2020 est révélatrice à cet égard : «Tandis. que j'écrivais ces lignes, la pandémie du COVID-19 a fait irruption sans crier gare, mettant à jour nos fausses sécurités. Abstraction faite des manière différentes avec lesquels les divers pays ont répondu à la crise, leur incapacité à travailler ensemble est devenue vraiment évidente » écrit-il dans l'introduction. « Quiconque s’imagine que la seule leçon qu’il faille en tirer est le nécessité d’améliorer ce que nous faisions déjà, ou de de rendre plus adéquates les systèmes et les régulations existantes, est dans le déni ».


Pour François, l’élément essentiel de cette mutation est bel et bien la gouvernance globale des partenaires privés et publics dont il est partisan. Dans son message de 2021 au FMI et à la Banque Mondiale, il déclare ainsi que la campagne d’expérimentation génique à but vaccinal actuel offre un cadre privilégié à ce partenariat libre de toute contrainte démocratique : « Ici, je réitère mon appel aux leaders gouvernementaux, aux entreprises et organisations internationales de faire l’effort d’œuvrer ensemble pour fournir des vaccins pour tous, en particulier aux plus vulnérables et à ceux qui sont le plus dans le besoin. […] Il demeure le besoin urgent d’un plan global qui puisse créer de nouvelles institutions et régénérer celles qui existent, spécialement celles de la gouvernance globale, et ainsi contribuer à bâtir un nouveau network de relations internationales pour promouvoir le développement humain intégral de tous les peuples ».


C’est un leitmotiv pour François. Déjà Jean XXIII (encyclique Pacem in terris), le Concile Vatican II (constitution Gaudium et spes), et surtout Benoît XVI (encyclique Caritas in veritate) avaient identifié « un besoin urgent d’une véritable autorité politique mondiale » (§ 67). Mais, comme il le fait dans son encyclique Laudato Si’ de 2015, ou encore dans son message à l’ONU de la même année « pour une écologie intégrale », François, lui, ne cesse de réclamer une gouvernance globale plus forte notamment face au changement climatique. Cet appel adressé aux décideurs pour qu’ils se mobilisent contre le changement climatique, s’inscrit dans une critique de l’économie de marché, du consumérisme et de la compétition commerciale inhérente qui reflète l’agenda des élites globalistes : le libre consommateur et la compétition n’ont pas de place dans un marché captif aux mains d’un oligopole ; quant aux dangers, notamment climatiques ou infectieux, qui pèseraient sur la planète, ils ont sonné le glas de l’état-nation westphalien tout comme de ce qui pouvait subsister ici ou là de démocratie. Place à la gouvernance mondiale technocratique.

François ne cesse donc d’appeler de ses vœux un « nouvel ordre mondial » dont la «pandémie» serait la matrice. Le vrai « drame », aujourd’hui, « serait de gâcher la chance que nous donne la crise du COVID-19 ». On aura reconnu le story telling désormais célèbre du chairman du WEF Klaus Schwab, « La pandémie représente une fenêtre d'opportunité rare mais étroite pour repenser, réinventer et réinitialiser notre monde ». Pour François, « Le chemin du salut [je souligne] pour l’humanité passe par la création d’un nouveau modèle de développement », et donc par les politiques que justement la gouvernance globale prône, tel que le revenu universel minimum (notamment face au COVID), ou encore bien entendu la transition « verte » et décarbonée.



Le pape de Bayer-Monsanto et Johnson & Johnson : un tournant historique

La papauté avait déjà connu dans le passé de sévères crises. Elle a pu devenir tour à tour le jouet de pontifes avides de pouvoir dont l’ambition était toute terrestre, ou au contraire le jouet de princes désireux de s’appuyer sur son prestige. Rome a cherché des soutiens ou des accommodements extérieurs parfois embarrassants. Pie VIII condamna en 1830 les insurgés catholiques polonais pour complaire au Tsar. Léon XIII excommunia les insurgés irlandais catholiques pour s’attirer les faveurs de l’Empire britannique. Le Vatican négocia longuement avec Lénine, passa un accord avec Mussolini et signa un concordat avec Hitler… Mais ici nous sommes face à un tournant historique. Jamais Rome n’avait été tentée d’embrasser les idéaux de ces régimes avec lesquels elle cherchait un compromis. Jamais la papauté n’avait eu pour ambition de devenir un de leur relais.


Aujourd’hui, pourtant, l’institution qui revendique une juridiction universelle sur les chrétiens s’affirme en même temps comme la partenaire d’une gouvernance mondiale technocratique placée sous l’égide des grandes multinationales. Elle se veut la partenaire « spirituelle » de l’élite technocratique et corporate qui aspire à dominer totalement la planète. Cette adhésion à l’agenda de ce néocapitalisme global a été formalisée avec le lancement à Rome par Lynn Forester de Rothschild du Conseil pour un Capitalisme Inclusif. Il rassemble auprès du pape, et de la confrérie de « Guardians » (en référence à l'élite souhaitée par Platon dans sa République), des CEO œuvrant pour un capitalisme « éthique », « vert » et « équitable »… avec notamment ceux de Johnson & Johnson, Merck, Bank of America, BP ou Bayer-Monsanto — Bayer-Monsanto dont l’expertise en éthique et en écologie est mondialement reconnue. À leur côté, on retrouve, sans surprise, les chairmen des fondations Ford et Rockefeller, ou encore l'omniprésent financier du Net-Zero, Mark Carney. Avec eux, se dessine « Un nouveau partenariat historique entre des leaders des plus grands groupes mondiaux financiers et commerciaux et le Vatican […]. Il témoigne de l’urgence de rassembler les impératifs moraux tant que commerciaux pour réformer le capitalisme en une force puissante pour le bien de l’humanité. Sous l’égide morale de Sa Sainteté le pape François […] ».


Placé sous la responsabilité de sa fondatrice Lynn Forester de Rothschild, Managing Partner d’Inclusive Capital Partners, ce Conseil « suivra les avertissements du pape François » et «répondra aux demandes de la société qui réclame un modèle de croissance plus équitable et soutenable». Sans surprise, le site web (à la page « commitments ») de nos capitalistes inclusifs est calqué sur les pages de celui des dix-sept Global Goals onusiens et davosiens pour 2030.


On l’a compris, tous ces executives, dans le sillage du WEF, déploient une rhétorique qui peut sembler « de gauche » : ils insistent sur les responsabilités écologiques des grands acteurs économiques actuels en particulier vis-à-vis du climat, sur leur volonté inclusive de ne négliger aucune minorité, sur leur souci de donner à tous sa chance, sur leur désir d’accueillir les réfugiés… De même, François se présente comme le pape « vert », gay friendly, ami des migrants, adversaire du changement climatique. Tout autant d’éléments décisifs du marketing que la gouvernance globale attache au nouveau paradigme économique qu’elle entend promouvoir.


Nous retrouvons d’ailleurs un discours semblable — avec tous ses tics de langage — à celui de Davos dans les documents du Dicastère pour la Promotion du Développement Humain Intégral institué le 17 août 2016 par la fusion de diverses autres commissions. Elle « exprime les soucis du Saint-Siège à propos des problèmes de justice et de paix, notamment ceux liés aux migrations, à la santé, au œuvres charitables et à la protection de la création » ; et ce en particulier « pour toute la famille humaine confrontée à la pandémie du COVID-19 ». Bien entendu, c’est à tous ceux qui sont partie prenante — les stakeholders — du destin de la planète et donc du développement humain qu’il revient de trouver les solutions adéquates.


Le pape de la IVe Révolution Industrielle et du transhumanisme

« Développé » par le père Philip Larrey, « en collaboration avec le Dicastère pour la Promotion du Développement Humain Intégral, avec le Saint-Siège ainsi qu’avec un consortium de leaders et de “luminaires”, Humanity 2-0 cherche à unir l’humanité autour de la cause commune de créer un monde meilleur pour nos enfants ». Humanity 2.0 « est un vecteur pour faciliter des entreprises collaboratives entre le secteur public, le privé et celui “basé sur la foi” — des secteurs traditionnellement cloisonnés ». On notera la présence de CEO tels que ceux de CISCO, Virgin ou Publicis dont le partenariat corporate vient bénir les ambitions du dit « vecteur ». Cependant, quasiment aucune référence chrétienne sur ce site, dominé par le visage d’Athéna, si ce n’est une citation de Thomas d’Aquin.


Son chairman, le père Larrey, est prêtre et doyen de la faculté de philosophie de l’Université du Latran, mais aussi un apôtre de la Quatrième Révolution Industrielle chère à Klaus Schwab (actoninstitute.it). Il est l’auteur du livre Artificial Humanity où il étale sa foi dans l’Intelligence Artificielle future — comme une entité réellement intelligente ! — et formule le souhait qu’elle reste humaine.



François, en affichant sa foi dans ce qu’il estime être la technologie de demain, reprend presque mot pour mot ce discours sur l’IA, et appelle les chrétiens à « prier pour une IA “humaine” » : «La robotique peut nous rendre possible un monde meilleur si elle demeure liée au bien commun. [...] Prions pour que le progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle puisse toujours servir l’humanité. [...] Nous pourrions dire : qu’elle “soit humaine”». Non, «l'IA, la robotique et les autres innovations technologiques doivent être utilisées de telle sorte qu'elles contribuent au service de l'humanité et à la protection de notre maison commune», déclare-t-il Forum de Davos de 2018. On reconnait là un des thèmes chères au courant transhumaniste tel que l’expose Yuval Noah Harari un de ses portes paroles médiatiques. L’IA serait potentiellement dangereuse, mais pour que le bon peuple soit protégé de ces périls, il faut que l’élite technocratique la dirige…



L’idéologie transhumaniste, en particulier la croyance en la grande convergence bionumérique qu’il faut faire advenir, est un des points clefs de la IVe Révolution Industrielle prônée par Davos. L’humain et la machine doivent fusionner autour du data, avec l’aide de l’édition génomique et d’implants informatiques, en vue de créé « l’humain augmenté ». La barrière entre le biologique aléatoire et la technologie informatique programmable doit sauter. L’idée de vie tout comme celle de liberté sont obsolètes : la vie et en particulier l’âme humaine ne sont que des algorithmes particulièrement complexes de réactions chimiques et électromagnétique. Quiconque détiendra le data de ces algorithmes sera en mesure de «hacker» l’humain, comme le prétend Yuval Noah Harari devant ses maîtres de Davos en 2018. L’espérance en la possibilité de réaliser une vie éternelle ici-bas, soit en déjouant le vieillissement cellulaire, soit par un transfert de données cérébrales dans quelque disque dur surpuissant, commence à mobiliser de gros investissements. Même avec beaucoup d’imagination, on ne voit pas très bien comment concilier cette vision avec l’enseignement des prédécesseurs de François.


Cela n'a pas empêché le Père Larrey, dans le cadre des Global Leaders de présider des conférences à Rome, de concert avec Carlos Moreira et David Ferguson, tous deux penseurs du transhumanisme, co-auteurs du Transhumancode et liés comme il se doit au WEF de Davos avec leur Think Tank oiste — dont une en juillet 2019 rien de moins que sur cette même thématique du Transhuman Code. Nos bons apôtres de l'utopie technocratique, qui se revendiquent en toute humilité comme membre de « l'élite des leaders globaux », à venir ont d'ailleurs recommencé en octobre 2021 sur le thème de la « Technology that Empowers Humanity »…




« Si nous voulons que tout reste comme tel… »

L’historien ne peut que s’interroger : comment une telle mutation est-elle possible ? Les divers scandales d’abus sexuels auxquels Bergoglio est personnellement mêlé fournissent un début d’explication. Le pape a couvert pendant longtemps d’éminents prélats (McCarrick, Zanchetta, Maradiaga et d’autres encore) pourtant visés par de très graves accusations d’abus sexuels et de corruptions financières. Il a fallu que les crimes soient étalés de manière publique pour qu’il devînt impossible pour lui de ne plus les démettre de leur fonction. Le pape s’est montré tel qu’il est : un homme d’appareil prêt à toutes les extrémités pour protéger ses collaborateurs. Mais parallèlement, c’est ce même pape qui cherchait à donner satisfaction à l’opinion publique en adoptant une politique générale très agressive envers les prêtes accusés d’abus sexuels du même ordre. Un homme d’appareil tenu par l’esprit de corps, doublé d’un communicant comme se doit de l’être tout bon stakeholder moderne, toujours prêt à défléchir les accusations avec du story-telling bien huilé.


C’est donc sans motif que les conservateurs s’inquiètent de l’exposition de statuettes de la Pachamama dans une église non loin du Vatican comme d’une manifestation de syncrétisme voire de néopaganisme écologiste. Pas plus que ne doivent être prises pour argent comptant les déclarations publiques bruyantes « pour la planète », « pour le climat » ou «pour l’environnement» des stakeholder financiers ou industriels de Davos. Ces déclarations révèlent seulement l’appétit de l’élite globale de faire main-basse sur ce qu’il reste de biens naturels lui échappant encore. Non, pas plus que ses partenaires, François ne vénère la Terre-Mère : il « fait de la com’ ».


Oui, à l’évidence, le monde change et Rome change aussi. Le sommet de la hiérarchie catholique ne souhaite pas se retrouver dans une position contre-culturelle : elle préfère suivre l’idéologie dominante, jusqu’à son transhumanisme. Le père Bergoglio S.J. a-t-il subi l'influence de la mystique scientiste de Teilhard de Chardin ? Peut-être. Mais sans exclure cette possibilité, je propose une première explication très simple : la papauté est désormais extrêmement faible et François ne s’y résout pas. Quel que soit le prix. De par le monde, les églises sont vides ou en train de se vider comme en Amérique latine. Ne s’accrochent que des groupes socialement ultra minoritaires, disséminés, et tous marqués à des degrés divers par un net conservatisme, voire par le traditionalisme. Le Vatican est devenu une institution d’un autre âge, inadaptée à la taille et à l’influence des communautés qu’il supervise. Le pape n’a plus les moyens de s’adresser à tous les humains comme s’il était une autorité spirituelle et morale écoutée par des centaines de millions de condisciples dans le monde. Son seul atout face au monde sécularisé, c’est ce qu’il représente encore en théorie et non en réalité : une certaine aura associée à sa soutane blanche, la Place et la Basilique Saint-Pierre, le palais du Vatican, la Sixtine, les Gardes suisses (s’ils sont vaccinés !) et les universités pontificales.


Or François a bâti sa vie sur une conformité aux cadres hiérarchiques auxquels il s’identifie. Il a mené toute sa carrière sous le signe de son adhésion conformiste au gré des flots à tous les discours dominants qui se sont succédés : depuis celui de Peròn (Pope Francis the Dictator) jusqu’à celui de Schwab. Or, le catholicisme, trop affaibli, n’est désormais plus en mesure de lui fournir un schéma de pensée socialement hégémoniques, tandis que son instinct le plus profond de bureaucrate lui interdit de se soustraire à la pensée grégaire du moment. François n’aurait donc pas pu opter de se consacrer à la petite minorité catholique qui écoute encore le pape sans provoquer aux yeux du grand public la disparition de la Rome pontificale dans une forme d’anonymat et d’oubli. Un choix impossible pour un homme d’appareil. Non, son désir est de rester fidèle à l’institution romaine telle qu’il la voit: celle-ci doit rester un acteur planétaire — comme avant en un sens. Pour cela, la Rome de François a fait le choix d’essayer de devenir un stakeholder de la gouvernance globale en allouant à ses titanesques partenaires corporate ce qui reste de prestige séculaire à la papauté, ainsi que l'image d'un Successeur de Pierre un rien people. Pour cela, enfin, elle a décidé de collaborer activement à l'instauration d'un système totalitaire global fondé sur la surveillance numérique et les expérimentations géniques. « Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi ! ».

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